Épopées tyriennes : Chapitre 5

de Vikki le 01 décembre 2016

VikkiDivinity

Lors de la MomoCon de cette année, des membres de l’équipe narrative ont présenté les éléments clés de la conception narrative de Guild Wars 2. Avec l’aide du public, ils ont créé le concept original pour Vikki et son moa, Momo, dont vous pouvez découvrir l’histoire à travers les chapitres un, deux, trois et quatre.

En septembre, nous avons organisé un casting au sein de la communauté, par le biais du Tumblr officiel de Guild Wars 2. Les joueurs ont été invités à nous envoyer les profils de leurs personnages. À partir de ce chapitre, l’histoire de Vikki va donc faire apparaître de véritables personnages joueurs, dans de petits rôles. Merci à tous pour l’enthousiasme dont vous avez fait preuve pendant le casting !


Lorsque j’ouvris les yeux au matin, il ne manquait rien dans mon sac… sauf une pomme. Momo faisait semblant de dormir sur le trognon à moitié dévoré : au moins, je tenais la coupable de ce larcin. Mais j’étais sûre qu’elle était assoupie au moment où cette… personne avait fouillé mon sac. Après tout, peut-être que je dormais, moi aussi, et que ce n’était qu’un cauchemar un peu trop réel.

J’avais encore l’esprit embrumé en laissant Momo au ranch de Mépi pour la journée. « Je vais l’examiner sous toutes les coutures, me garantit l’éleveur. Et si vous alliez vous dégourdir les jambes, pendant ce temps ? »

Répondre Non merci, je vais plutôt rester là à m’inquiéter ne me semblait ni très poli ni très constructif. Redressant les oreilles, je m’efforçai de prendre un air réjoui. « Bonne idée ! Vous avez une promenade à me conseiller ? »

« Le verger d’Eda n’est pas très loin. Il y a des gens qui aiment aller voir le barrage, aussi. Et si ça ne vous dérange pas de marcher un peu plus, il y a la ville, bien sûr. »

Ça ne me dérangeait pas de marcher. Les non-asuras qui découvrent Rata Sum sont généralement bouche bée devant les cubes qui flottent parmi les nuages. Pour certains d’entre eux, nos hologrammes et nos golems tiennent de la magie. Je me disais que je trouverais peut-être le Promontoire divin aussi rustique et pittoresque que Shaemoor.

En franchissant les portes, je fus frappée par le gigantisme de la cité humaine, manifestement bâtie pour héberger des centaines de milliers de gens mesurant pour la plupart un bon mètre de plus que moi. Un groupe entier de moas aurait pu avancer de front dans chacune des avenues, et j’avais des sueurs froides rien qu’en imaginant les échafaudages nécessaires pour construire tant de tours et d’arches immenses sans systèmes de lévitation.

Me laissant guider par le hasard, je parcourus les rues pavées et entrai dans une galerie. Je ne pus retenir un hoquet de surprise : derrière les murs de verre transparent nageaient des poissons, éclairés par un dispositif installé à l’intérieur. Si Momo avait été là, elle serait devenue hystérique. L’endroit était frais et paisible ; j’aurais aimé y rester plus longtemps, mais je gênais la circulation des passants.

Upper_City

La galerie à l’aquarium débouchait sur un vaste jardin. Des haies taillées délimitaient les sentiers, et des lianes en fleurs s’accrochaient à des colonnes qui montaient en direction d’un dôme de verre. Au centre, un immense planétaire de métal poli était suspendu. La lune y était représentée par un croissant au visage souriant, et le mécanisme produisait un agréable craquement en tournant. La technologie asura peut être d’une grande élégance, mais les Humains semblaient faire primer l’esthétique sur l’intérêt pratique.

Ce jardin n’était pas de ceux où l’on peut se pelotonner pour faire une sieste, constatai-je, un peu déçue. Je n’étais toujours pas complètement réveillée, et je mourais d’envie d’un café bien fort.

Un Sylvari en armure bleu et blanc se tenait tout près ; je me fis violence et lui demandai mon chemin. Il était immense, mais il avait l’air gentil. Mieux encore, un petit animal pointait son museau par-dessus son épaule. Dès qu’il m’entendit glousser, il fila se cacher dans le sac du Sylvari.

Celui-ci dit s’appeler Issandür, et m’expliqua : « Le plus simple pour vous y retrouver, c’est de connaître le nom des Six dieux humains. Ce sont eux qui divisent la ville. »

« Melandru, Dwayna, Kormir, Lyssa, Grenth et… Bathazar ? » Je me les représentais plus ou moins ; à mon arrivée, j’étais passée près d’une statue qui devait être celle de Dwayna.

Il sourit. « Balthazar, et oui. Si c’est du café que vous voulez, essayez le quartier d’Ossa. Prenez la Grand-route de Grenth, puis descendez sur la gauche. »


La Grand-route de Grenth conduisait jusqu’aux murailles de la ville. Même le portail des Tengus n’était pas aussi haut. J’en avais le vertige : si quelque chose de cette taille tombait vers l’intérieur, tout ce qu’il y avait en dessous serait réduit en poussière. Au bout se trouvaient une autre statue représentant un dieu, un prêtre humain, et une Norn adossée à la muraille. Je préférai ne pas m’approcher davantage.

J’eus un frisson. J’avais très envie de profiter de la vue sur la cité, mais un haut muret longeait la route des deux côtés. Je sautai, m’accrochai au bord, calai mes orteils entre les briques et parvins à me hisser.

Sous mes yeux, la ville s’étendait comme une immense vallée : les maisons aux toits pentus formaient des rochers parmi lesquels serpentaient des rues comme autant de ruisseaux et de rivières. Des centaines d’oiseaux blancs virevoltaient d’un bout à l’autre. Je me demandais s’il pouvait leur arriver de sortir de la cité pour chercher de la nourriture ou bâtir leur nid. Sans doute pas ; leur monde devait être intégralement contenu dans cette enceinte.

Je m’assis, les jambes repliées contre ma poitrine. Le muret était assez large pour que je n’aie pas peur de tomber. À mes pieds, des Humains déambulaient sur une place pleine de bâtiments en pierre complexes et de… oh. Des stèles. Enterraient-ils leurs morts ici, au sein même de la ville ?

La Norn que j’avais vue un peu plus tôt s’approcha de moi et posa le pied sur le muret. Pour elle, il n’était pas plus haut qu’un marchepied. « Qu’est-ce qui se passe dans le cimetière ? »

Il me fallut un moment pour me rendre compte que sa question m’était destinée. « Oh, rien de spécial. » Je compris soudain qu’il était peut-être impoli de ma part d’observer les gens parmi les tombes. « Je me suis assise un instant, c’est tout. »

Son ombre me recouvrait entièrement, ce qui me fit à nouveau frissonner. Je levai les yeux vers elle. Son visage rond était parsemé de taches de rousseur ; elle avait les yeux bleus et les cheveux cuivrés, maintenus en une tresse qui devait bien mesurer trois fois ma taille. Sa peau claire était un peu rougie par le vent, et elle était emmitouflée dans une tenue de fourrure et de cuir noirs.

AlfhildrDaytime

Elle me regardait comme un chat observe un insecte. Tout d’un coup, le muret ne me sembla plus assez large. J’avais entendu dire qu’il y avait des bandits humains en ville, mais…

« Hum, désolée. » J’avais les mains trempées de sueur ; je tentai de les essuyer sur mon pantalon sans que ce soit trop flagrant. « C’est que je… J’arrive tout juste, et tout est immense ici, et je suis un peu nerveuse. Je peux vous aider ? »

Elle s’assit à côté de moi et sourit : « Je crois, oui. »

Je lui rendis son sourire et me détendis. Elle voulait seulement discuter. Je me demandais si le Promontoire divin était aussi peu adapté aux grands comme elle qu’aux petits comme moi ; j’ouvris la bouche pour lui poser la question, espérant rompre la glace, lorsqu’elle me saisit le poignet.

« Hé. » Ma voix se brisa, comme dans mes cauchemars, quand j’essaie d’appeler au secours. Sa main était aussi grosse que tout mon avant-bras, et elle était si forte que je ne pouvais plus bouger.

La Norn se pencha vers moi. « Et si on faisait les présentations ? fit-elle doucement, sans cesser de sourire. Commencez par me dire comment vous connaissez Tonni. Ensuite, je vous expliquerai ce que j’attends de vous. »